En théorie, tout le monde s’entend sur les vertus d’une saine culture en SST. Cette dernière, on le sait, permet non seulement d’éviter des accidents, mais elle sauve carrément des vies; en plus d’améliorer et de rentabiliser de façon durable certaines de vos opérations. Mais lorsqu’un incident ou un danger potentiel nous oblige à ralentir, voire à arrêter complètement les opérations de notre entreprise, le consensus autour de la SST n’est plus le même.
Que faire lorsqu’on ne dispose pas des ressources pour effectuer un travail de façon sécuritaire, mais que la production, elle, doit continuer? Vous savez, quand c’est le « rush » et que nous sommes sous pression parce que le client attend…
Situation difficile, décision difficile
Le message de votre supérieur est clair : « La job doit être faite! »
Mais sur le terrain, la réalité est parfois tout autre. Des situations de dangerosité vous placent peut-être devant certains choix déchirants impliquant à la fois la productivité et la sécurité.
En voici quelques exemples :
- Votre entreprise n’a pas les bons masques à cartouche pour protéger les travailleurs des isocyanates. Arrêterez-vous la production en attendant de recevoir les masques adéquats?
- Vous ne disposez pas de chariot ou de palan d’assez bonne capacité pour soulever les charges requises par vos opérations. Sachant que cet équipement est essentiel et que son utilisation n’a causé encore aucun accident, continuerez-vous à l’utiliser?
- Un de vos employés ne possède pas de formation certifiée pour la conduite d’une plateforme élévatrice. Puisqu’il est le seul à pouvoir conduire cet appareil essentiel à vos opérations, maintiendrez-vous la production?
Avez-vous déjà été confrontés à certaines de ces situations? Si oui, quelles décisions avez-vous prises?
Certains des gestionnaires opteront pour le maintien de la production. Pourquoi? Tout simplement parce qu’aucun incident ou accident n’est encore arrivé. En somme, ces entreprises vivent dans le déni d’une situation dont ils connaissent parfois le potentiel de dangerosité. La situation perdure, jusqu’à ce qu’une situation concrète les « oblige » à réorganiser certains paramètres de leurs opérations : ressources humaines et financières, organisation du temps, changements de méthode de travail, planification, etc. Les situations touchant à la fois la SST et le maintien des activités de production sont des véritables dilemmes. Ils mettent les entreprises dans des situations inconfortables puisque, peu importe la décision, l’organisation devra faire face aux conséquences de son choix.
Un problème de culture organisationnelle
Mais est-il normal d’attendre qu’une blessure ou qu’un accident mortel surviennent avant de mettre de l’avant la sécurité des travailleurs et travailleuses? Bien sûr que non!
Alors, pourquoi autant d’entreprises prennent-elles encore ce risque?
La raison est souvent simple : la SST n’est pas encore intégrée adéquatement à la culture organisationnelle de l’entreprise, c’est-à-dire dans les valeurs et les comportements qui mobilisent tous les acteurs de l’organisation, peu importe leur position hiérarchique.
Ainsi, j’encourage toutes les entreprises à se pencher sur ces questions :
- Quelles valeurs de SST sont véhiculées par mon entreprise?
- Quels comportements sont reconnus et valorisés dans mon organisation?
- Est-ce que les comportements qui sont encouragés sont sécuritaires?
- Quelle est la ligne directrice de mon entreprise en matière de SST? Est-ce que cette ligne directrice fait consensus et est adoptée par tous et dans toutes les sphères de mon organisation?
- Et, surtout : le discours entourant la SST dans mon organisation est-il négatif ou positif?
Vers une culture SST proactive et positive
En vertu de la loi, il est de la responsabilité des organisations de protéger leurs équipes de travail sous peine de graves conséquences juridiques. Ainsi, pour bâtir une culture SST saine et positive, il faut s’assurer de travailler en amont en ouvrant la discussion avant qu’un accident se produise.
D’autant plus que, lorsque celui-ci survient, il devient obligatoire d’entamer une discussion sur la SST avec tous les membres de l’équipe, puisqu’une enquête aura lieu. Il faut alors rencontrer tous les employés afin de savoir ce qui s’est réellement passé pour être ensuite capable de faire un suivi sur la situation. Aborder pour la première fois les questions de santé et sécurité au lendemain d’un accident grave ne contribue pas à promouvoir l’image d’une culture en SST saine et positive. Bref, il vaut mieux être proactifs plutôt qu’en réaction tardive à un événement que tous savaient évitable.
Peu importe la situation, on ne devrait jamais craindre de faire primer la santé et la sécurité de nos travailleurs et travailleuses en leur offrant un milieu de travail sain et sécuritaire, même si cela nous oblige parfois à réorganiser ou repenser notre production.
Cela ne veut pas pour autant dire que suspendre la production est toujours nécessaire pour régler les situations de santé et de sécurité au travail. Comme la réalité est toujours beaucoup plus complexe que la théorie, contactez Culture SST afin d’y voir plus clair!